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Pour une poignée de podcasts sur l’armée romaine

Pour initier cette liste d’émissions consacrées à l’histoire militaire romaine, je vous recommande l’écoute de deux épisodes du podcast Le Fil de l’épée, qui est co-animé par Alexandre Jubelin et André Loez. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour vous inciter à vous abonner à leurs podcasts respectifs, Le Collimateur et Paroles d’Histoire, qui sont extrêmement qualitatifs.

Le dernier épisode en date du Fil de l’épée a pour invité François Cadiou, historien spécialiste de l’armée romaine républicaine, dont les travaux font partie des plus stimulants du moment. C’est l’occasion pour lui de présenter les thèses défendues dans L’Armée imaginaire. Les soldats prolétaires dans les légions romaines au dernier siècle de la République (Les Belles Lettres, 2018). Un ouvrage fondamental et passionnant !

Je signale au passage que le précédent ouvrage de François Cadiou, Hibera in terra miles. Les armées romaines et la conquête de l’Hispanie sous la république (218-45 av. J.-C.) (Casa de Velázquez, 2008), est disponible en ligne sur OpenEdition.

La seconde émission que je vous recommande a été enregistrée en 2023 et a pour invité Giusto Traina, auteur de Carrhes, 9 juin 53 av. J.-C. Anatomie d’une bataille (Les Belles Lettres, 2011), de l’ouvrage collectif Mondes en guerre. Tome I. De la préhistoire au Moyen Age (Passés Composés, 2019) qu’il a dirigé, ou encore de La guerre mondiale des Romains. De l’assassinat de Jules César à la mort d’Antoine et Cléopâtre (Fayard, 2023). Cet historien anime par ailleurs la Revue internationale d’Histoire Militaire Ancienne (HiMA), fondée en 2015.

En complément de cette émission, j’attire votre attention sur deux vidéos de Giusto Traina : cette conférence de 2015 intitulée « La fin de la République romaine. Guerre civile ou guerre mondiale ? », ainsi qu’une présentation de La Guerre mondiale des Romains. De l’assassinat de Jules César à la mort d’Antoine et Cléopâtre, effectuée en 2023 à la librairie Tropiques :

https://www.youtube.com/watch?v=I0aZIxrEG7Y

Je conclus cette première série de recommandations par une émission du Cours de l’histoire, « César et la guerre des Gaules. Vous verrez du pays qu’ils disaient ! », diffusée fin 2022 sur France Culture, avec pour invités les historiens Pierre Cosme et Maxime Petitjean.

« Ce qui semble bien être particulier à l’armée de César, c’est le fait qu’il a, pour étoffer ses troupes, levé certaines légions à ses frais, quitte à apparemment ne pas recruter de citoyens romains dans ses légions, ou alors disons des citoyens romains de très fraîche date, qui auraient reçu la citoyenneté au moment de s’enrôler. (…) Le plus fameux exemple c’est la Ve légion qu’on appelle Alouette, qui aurait été levée en Gaule. Alors là effectivement, c’est sans doute une particularité de l’armée de César. Il ne semble pas qu’on ait levé des armées de cette façon et c’était évidemment interdit de lever une légion à ses frais. Pompée l’avait fait dans sa jeunesse pour venir appuyer Sylla lors de la première guerre civile, mais théoriquement c’était interdit. »

Au sujet de cette intervention de Pierre Cosme (de 19’28 à 20’15), je me permets de signaler que la légion Alauda n’a en réalité jamais porté le numéro V du vivant de César. Cette idée, reposant sur des inscriptions du milieu du Ier siècle de notre ère, est totalement anachronique. Je l’avais déjà montré dans mon mémoire de Master et je pense que mon point de vue est désormais solidement étayé, grâce à mon article sur les légions du Bellum Africum. En réalité, la « légion Alouette » n’était pas une véritable légion, mais plutôt d’un corps de troupes auxiliaires organisé selon le modèle romain. Financée par César sur ses fonds propres, cette unité ne portait aucun numéro, car elle n’a jamais eu vocation à intégrer l’armée de la République.

Publication d’un article sur « Le nombre, l’identité et l’origine des légions du Bellum Africum »

J’ai récemment publié dans la Nuova Antologia Militare (NAM) un article présentant le résultat de mes recherches sur les légions de César ainsi que sur la transmission du corpus césarien. Mon travail figure dans le fascicule 22 (avril 2025) de la revue. Comme la NAM est publiée en accès ouvert (open acces), mon article peut être téléchargé librement et gratuitement au format PDF sur le site internet de la revue ou bien en cliquant sur l’image ci-dessous. Le fascicule complet, quant à lui, est disponible à cette adresse.

Batiste Gérardin, « Le nombre, l’identité et l’origine des légions du Bellum Africum », dans Nuova Antologia Militare, 6, fasc. 22, p. 253-286. [télécharger au format PDF]


Le 23 avril, l’association d’étudiants italiens « Casus Belli » m’a invité à commenter brièvement les articles d’histoire romaine publiés dans le dernier fascicule de la Nuova Antologia Militare. La vidéo ci-dessous est calée sur le début de mon intervention, que j’ai eu la possibilité de faire en français. J’y présente mon article de 21’30 à 26’15.


Lorsque j’en trouverai le temps, je compléterai ce billet avec des outils de vulgarisation (résumé de mon article, lexique, traduction des textes latins…). Je proposerai également des ressources numériques destinées à faciliter l’étude philologique du corpus césarien.

Walter Schmitthenner, The Armies of the Triumviral Period

En 1958, l’historien Walter Schmitthenner (1916-1997) a soutenu à Oxford une importante thèse de doctorat sur les légions de la période triumvirale, intitulée The Armies of the Triumviral Period: A Study of the Origins of the Roman Imperial Legions. Bien que souvent citée dans les ouvrages sur l’armée romaine ou sur les guerres civiles de la fin de la République romaine, cette somme est inédite et s’avérait jusqu’à présent extrêmement difficile à trouver.

Portrait de Walter Schmitthenner

Une recherche dans le catalogue Sudoc permet de constater que cette thèse n’est consultable dans aucune bibliothèque universitaire française. De son côté, Worldcat n’en recense que neuf exemplaires à travers le monde : un en Suisse, quatre en Allemagne, deux au Royaume-Uni et deux aux États-Unis. Je sais par ailleurs que l’université de Heidelberg en détient une copie.

Regrettant fortement de ne pas avoir pu consulter cet ouvrage lors de mon travail de recherche sur La légion des Alouettes, j’ai patienté de longues années en espérant qu’une âme charitable la numérise et la rende accessible sur internet… En vain !

Au fil des années, plusieurs de mes souhaits ont fini par être exaucés. Il y a par exemple eu la mise en ligne de ressources inestimables telles que le Corpus Inscriptionum Latinarum [1] ou la Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft [2], dont l’article « Legio » est proposé ici même par votre serviteur. En revanche, toutes mes recherches internet pour The Armies of the Triumviral Period se sont invariablement soldées par un échec.

Au cours de l’été 2019, j’ai décidé de me mettre en quête de l’ouvrage afin de le numériser moi-même. Après quelques hésitations sur la destination, j’ai finalement opté pour la charmante ville de Fribourg-en-Brisgau, dans laquelle Walter Schmitthenner a effectué une bonne partie de sa carrière universitaire. Cet historien a enseigné à l’Albert-Ludwigs-Universität Freiburg à partir de 1967, puis il en est devenu professeur émérite en 1984. L’impressionnante bibliothèque de cette université propose à la consultation une photocopie reliée de sa thèse.

Ayant mis plus de dix ans pour accéder à cet ouvrage, je ne peux désormais résister au plaisir d’en faire profiter le plus grand nombre.

En théorie, le respect de la législation sur les droits d’auteur impose d’attendre encore 47 ans avant que cette thèse puisse être diffusée librement… Cependant, son caractère inédit et le fait qu’il n’en existe qu’un tout petit nombre de copies à travers le monde me semblent d’excellents arguments pour faire une légère entorse à cette règle.

Je considère que son partage gratuit rend justice au travail accompli par l’auteur, sans porter préjudice à personne. Je m’engage toutefois à en cesser immédiatement la diffusion dans le cas où un ayant-droit en formulerait la demande, ou si jamais cette thèse doctorale venait à être publiée par un éditeur. Merci de bien vouloir prendre contact avec moi le cas échéant.

J’ai rassemblé les deux volumes de cette thèse (texte et notes) dans un seul fichier PDF, que je vous propose de télécharger en cliquant sur l’image ci-dessous :

Référence :
SCHMITTHENNER (W.C.G.), The Armies of the Triumviral Period: A Study of the Origins of the Roman Imperial Legions, Oxford, thèse inédite, 1958, 260 pages.

[télécharger le PDF – 32,9 Mo]

Cette numérisation présente de nombreuses imperfections, essentiellement dues à la piètre qualité de la photocopie du tapuscrit original.

Bibliographie sur W. Schmitthenner :
MALITZ (J.), « Walter Schmitthenner † », dans Gnomon, 71, 1999, 2, p. 174-180. [disponible ici]
La photographie reproduite ci-dessus est tirée de cet article.

NOTES :

[1] Initié en 2009, le projet CIL Open Access a pour vocation la numérisation et la mise en ligne des volumes publiés avant 1940 : https://arachne.uni-koeln.de/drupal/?q=de_DE/node/291

[2] Depuis janvier 2019, un contributeur du site Archive.org propose en téléchargement gratuit la quasi-totalité des volumes de l’encyclopédie : https://archive.org/details/Pauly_201901

L’article « Legio » de la Realencyclopädie

Emil Ritterling (entre 1892 et 1911)

En 1925, l’universitaire allemand Emil Ritterling achevait la publication de son article « Legio » dans le douzième volume de la Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft. Il s’agissait d’une somme considérable, qui réunissait en un même texte la quasi-totalité des connaissances sur l’histoire des légions romaines de l’époque impériale. Le lecteur y trouvait un développement général sur les légions, suivi d’une synthèse détaillée sur chacune des unités légionnaires connues, incluant un examen critique des sources littéraires, épigraphiques et numismatiques.

Malgré son grand âge, l’article « Legio » reste aujourd’hui une référence incontournable pour tout travail de recherche sur l’histoire des légions romaines. S’il est dépassé sur bon nombre de points en raison des découvertes (épigraphiques, archéologiques…) effectuées depuis sa rédaction, aucune publication récente n’a permis de le remplacer. Sa consultation doit donc être associée à celle d’autres ouvrages, en particulier les actes du colloque de Lyon sur Les légions de Rome sous le Haut-Empire, publiés en 2000. [1]

Malheureusement pour les apprentis chercheurs, l’exploitation de l’article « Legio » est rendue compliquée par son accès difficile (avec une consultation uniquement sur place dans les bibliothèques universitaires) et sa publication en langue allemande. Il y a quelques années, une excellente initiative du site RomanArmy.com avait permis de contourner ces difficultés grâce à la mise en ligne d’une partie des synthèses d’Emil Ritterling dans une traduction anglaise. Un projet fort utile, mais qui paraît avoir été abandonné en cours de route. [2]

Pour faciliter vos recherches, je vous propose de télécharger ci-dessous deux fichiers PDF contenant une numérisation complète de l’article original. Vous y trouverez la contribution essentielle de Ritterling, encadrée par deux autres synthèses signées Wilhelm Kubitschek : l’une portant sur la période républicaine et l’autre sur les légions du Bas-Empire.

Cliquez sur l’aperçu pour télécharger une archive ZIP contenant les deux parties de l’article « Legio ».

TÉLÉCHARGEMENT DE L’ARTICLE « LEGIO » DE LA REALENCYCLOPÄDIE :
– « Legio ». Partie 1 (Kubitschek & Ritterling 1924) : [télécharger le PDF – 5,84 Mo]
– « Legio ». Partie 2 (Ritterling & Kubitschek 1925) : [télécharger le PDF – 19,7 Mo]


Références bibliographiques de la partie 1 :

* KUBITSCHEK (W.), « Legio. Republikanische Zeit », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.1, Stuttgart, 1924, col. 1186-1210.
* RITTERLING (E.), « Legio. Bestand, Verteilung und kriegerische Betätigung der Legionen des stehenden Heeres von Augustus bis Diocletian », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.1, Stuttgart, 1924, col. 1211-1328.

Références bibliographiques de la partie 2 :
* RITTERLING (E.), « Legio. Bestand, Verteilung und kriegerische Betätigung der Legionen des stehenden Heeres von Augustus bis Diocletian (Fortsetzung) », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.2, Stuttgart, 1925, col. 1329-1829.
* KUBITSCHEK (W.), « Legio. Der späteren Zeit », dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XII.2, Stuttgart, 1925, col. 1829-1837.

NOTES :

[1] Les actes de ce colloque comportent une présentation par Rainer Wiegels du parcours d’Emil Ritterling et de son oeuvre :
WIEGELS (R.), « Legio. Emil Ritterling und sein Beitrag zur Truppengeschichte der römischen Kaiserzeit », dans Les légions de Rome sous le Haut-Empire. Actes du congrès de Lyon (17-19 septembre 1998), I, éd. Yann Le Bohec, Catherine Wolff, Lyon, 2000, pp. 9-20.

[2] Bien que les traductions ne figurent plus sur le site RomanArmy.com il est toujours possible de les consulter grâce à une sauvegarde conservée sur Archive.org.

Crédit photographique : auteur inconnu / Wikimedia Commons (domaine public).